La clé d’un appartement parisien est sacrée. La clé n’est pas un objet ordinaire. C’est la clé de la cuisine, de la mode, de la musique, des livres, de la télévision française. Derrière la porte verte et magnifique, j’ai trouvé des secrets de la vie parisienne : comment on fait la confiture et on coupe correctement le fromage, la meilleure boulangerie du quinzième et la mode française. La clé est vraiment la clé de la vie française.

Chez ma famille d’accueil, une vieille clé carrée et en métal est accrochée à un porte-clés en forme de Tour Eiffel qui se trouve sur la console de l’entrée. C’est ma clé de la porte d’entrée. À côté de cela, une copie de cette clé gigantesque est accrochée à un porte-clés en forme de taxi new-yorkais et se trouve sur la console de l’entrée. C’est la clé de Delphine, ma mère d’accueil. C’est drôle que ce soit l’étudiante américaine qui porte le porte-clés Tour Eiffel et chez moi, à Chicago, je porte toujours mon porte-clés en forme de taxi new-yorkais comme Delphine.

Les clés spéciales et lourdes ne bougent pas de là sauf quand quelqu’un part. Ces clés sont seulement utilisées pour la porte d’entrée. À Chicago, ma famille a un système d’alarme. Nous avons une caméra à la porte et trois clés différentes pour une maison : la clé de la porte du garage, la clé de la porte de service, la clé de la porte d’entrée. Chez les Lebrun, il n’y a pas de système d’alarme ; les clés protègent la maison, pas la technologie. Pour cette raison, les clés sont irremplaçables. Aux États-Unis, si on perd une clé, on peut la remplacer très facilement. Ce n’est pas grave ; les clés ne sont pas très chères. C’est seulement le serrurier qui est cher. Chez ma famille d’accueil, si je perds ma clé, je paierai beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent parce que la clé est très vieille et en forme de carré. On ne peut pas en imaginer le prix.

Pour cette raison, j’ai une routine du matin très stricte. Quand je pars, je mets la grande clé dans le trou de la serrure. Je tourne la clé dans le sens des aiguilles d’une montre. J’ouvre la porte et je retire la clé de la porte d’entrée. Je ferme la porte. A l’extérieur de l’appartement, je mets la clé dans le trou de la serrure. Je tourne la clé vers la droite. Je tourne la clé une fois si mes parents d’accueil sont dans l’appartement et deux fois s’ils n’y sont pas. Je retire la clé de la porte d’entrée et la mets dans mon sac.

Les clés des appartements parisiens sont des objets anciens et magnifiques. Elles sont précieuses et représentent la simplicité de la vie française. Les Français ne dépendent pas de la technologie. Ils font confiance aux clés et ils les traitent comme des bijoux. La clé de mon appartement parisien est une petite partie de mon identité.

Rachel Cantor