Cher métro ligne 7,
J’espère que tu vas bien, mon ami. Je t’écris parce que je me sens coupable. Tout s’est passé si vite la semaine dernière et je ne t’ai jamais dit au revoir. J’ai manqué de tickets de métro, tu vois. Et oui, c’est vrai qu’un manque de tickets ne m’a jamais arrêté de prendre le métro avant, mais à cause du virus, je voulais éviter les endroits bondés. Alors, je ne t’ai jamais dit au revoir. C’est la raison pour laquelle je t’écris cette lettre, pour dire au revoir, ou plutôt pour dire à la prochaine.
J’imagine que tu te sens tout seul maintenant que plus personne ne te rend visite. Moi aussi, je me sens assez seule. Les seules personnes avec lesquelles j’interagis sont ma mère, mon père et mon frère. Je n’aurais jamais pensé que le sentiment d’être complètement entassé dans le métro me manquerait, mais oui, nos trajets me manquent. Maintenant je travaille, je mange, je dors et je me repose dans la même maison. Je porte les mêmes pantalons de jogging depuis cinq jours. Parfois, je crois que je perds la boule. Mais il faut se rappeler que ceci est une période de transition, pour tout le monde. C’est une période de transition vers un nouveau normal. Peut-être que demain je vais m’habiller, avec de vrais vêtements. Et toi, j’espère que toi, aussi, peut utiliser cette période pour prendre soin de toi. Ce sont tes premières vacances, ne les gaspille pas !
À bientôt, mon ami. En attendant, merci de m’avoir accueilli à Paris, je n’oublierai jamais ta gentillesse.
Amicalement,
Kate.