Je quitte l’aéroport. C’est mon premier jour ici, la première fois que je viens à Paris, et la première impression que j’ai est de n’être… pas assez bien habillée. Sensation qui a commencé à l’aéroport, en regardant les gens qui prenaient l’avion, mais qui n’a pas duré longtemps : j’ai moi-même mis plusieurs fois mes meilleurs vêtements pour prendre des vols, donc évidemment, il y avait des gens bien habillés. Mais il n’est pas possible que cela soit encore vrai dans d’autres endroits, non ? Mauvaise réponse. Dans les trains, dans les rues, dans les situations les plus banales possibles, tout le monde semble extrêmement à la mode, et je n’ai jamais été aussi consciente de moi-même et de mes vêtements froissés. D’accord, me dis-je, la main sur mes valises. Tu peux t’adapter.
Mais quelques jours plus tard, quand je quitte la classe à la recherche de mon déjeuner, je les vois. Les jupes. Les pantalons. Les robes. Les blouses. Les vestes. Les chaussures. Les chaussettes. Les sandales. Et les Parisiens qui les portent, un sourire sur leurs visages, des cheveux impeccables, des voix bourdonnant une langue que je peux à peine comprendre, ce sont eux. Ils mangent des paninis, profitent du beau temps, rient des blagues d’initiés. Y a-t-il un événement spécial en cours ? pensé-je, en espérant avoir raison. Mauvaise réponse, encore une fois. Les collégiens s’habillent comme ça tous les autres jours, seulement pour aller à l’école. Je me souviens de mes tenues d’il y a six ans, alors que j’étais encore au collège, et cela devient une attaque personnelle.
Je me regarde maintenant. Mon pull à moitié rentré dans mon pantalon, mon jean à revers, mes cheveux en désordre. Ce n’est pas comme si je ne m’y attendais pas : Paris est l’une des capitales de la mode, après tout. Je peux sentir mon sens du style s’améliorer à mesure que j’essaie de nouvelles combinaisons. Mais je ne peux toujours pas comprendre… comment même les bébés peuvent-ils s’habiller mieux que moi ???
Keyla Carvalho