Cher Métro,
Je suis, à certains moments, étonné par vous, et à d’autres je suis horrifié. Vous êtes un lieu magique, plein de maladies. Vous criez en silence. Vous réunissez les gens, mais les rendez plus seuls. Vous êtes le transport des contradictions.
Pendant mes premiers jours à Paris, vous m’avez causé plusieurs maux de tête et angoisses. Et donc, je voudrais énumérer mes plaintes. Vous êtes si bruyant. La foule et le bruit du train créent une cacophonie qui résonne dans tous les couloirs et dans les escaliers. Oh, et les escaliers! Pourquoi avez-vous tant d’escaliers? Je déteste monter les escaliers. Les escaliers sont ce que j’aime le moins chez vous. Je voulais aussi vous condamner pour le spectacle horrible que sont les gens dans vos rames. Je vais vous donner deux exemples. Le premier est un couple qui se soufflait de l’air dans la bouche l’un de l’autre. Sans s’embrasser. Oh, comme j’aurais aimé qu’ils s’embrassent. C’était un spectacle tordu et macabre. Je n’oublierai jamais ce que le métro m’a montré ce jour-là. Le deuxième exemple est celui d’un homme qui m’a demandé mon aide. Il a chancelé vers moi et a simplement dit « Aidez-moi ». Je n’ai pas du tout aimé ça. J’ai dit « Non merci » et il a continué à trébucher et à déranger les autres personnes dans le train. Je n’aime pas communiquer avec des inconnus en public. Vous m’avez fait faire ça, monsieur Métro.
À part mes plaintes, je veux aussi vous féliciter pour certaines choses. Vous êtes si fort et vibrant. Je tiens à vous remercier pour la musique qui résonne à travers les couloirs et à travers les escaliers. Je veux vous remercier pour le vent qui me frappe quand je monte ces escaliers. Le vent d’escalier est ce que je préfère chez vous. Je voulais aussi vous remercier pour le divertissement. Je m’amuse toujours en regardant les différentes personnes dans le métro. Peut-être que le plaisir n’est pas le bon mot, mais je suis toujours intéressé par ce que je vois dans le métro. Je vais vous donner deux exemples. Le premier est quand j’ai vu un couple se souffler de l’air dans la bouche l’un de l’autre. Ils ne s’embrassaient pas. Oh, comme ils étaient heureux de ne pas s’embrasser. Cela aurait été si ennuyeux et banal. C’était un spectacle fascinant et unique. Je n’oublierai jamais ce que le métro m’a montré ce jour-là. L’autre exemple est celui où un homme dérangeait les gens dans la wagon et où j’ai vécu un moment d’humanité unique avec un autre passager, une femme assise près de moi. Quand le sans-abri a chancelé vers moi, la femme et moi avons fermé les yeux. Nos yeux se sont élargis et sans un mot, nous avons dit tout ce qui devait être dit. J’ai dit « Non merci » au mendiant et il a trébuché. J’aime partager des moments avec des inconnus. Vous m’avez permis de faire ça, Monsieur Métro.
-Robert Morris, un expat