Au croisement du Boulevard Auguste Blanqui et de la rue Paul Gervais, l’équilibre entre l’architecture et la nature est évident. La ligne six du métro domine la vue, suspendue au-dessus des piétons afin que le train turquoise passe à la hauteur des arbres dénudés. Les arbres, minces et mouchetés, sortent de la terre durcie comme une rangée de soldats, interrompue par des lanternes noires. Les arbres attendent la chaleur du printemps pour poursuivre leur croissance. Le bruit des voitures est entrecoupé des grincements des roues d’un vélo, donnant l’impression d’un oiseau à la plage. Ce carrefour n’a pas été créé pour le tourisme, ou même pour le plaisir des Parisiens. Les édifices y ont été construits pour l’utilité et le commerce ; les magasins sont peu nombreux, engloutis par les vastes blocs de béton.
A quelques pas, le long de la rue, un petit bâtiment de briques ocres se trouve, collé étrangement aux grands immeubles clairs. Ses fenêtres réfléchissent le ciel gris entre les branches frêles des plantes grimpantes qui couvrent sa façade. Il ne donne aucun indice de son objectif ; pas de panneau, sauf un petit numéro 15. Sa cheminée reste un symbole de la chaleur dans la froideur du matin.
Plus loin, deux bâtiments se font face. Le premier, un immeuble, avec huit étages de balcons qui créent une grille de conformité, présente ses plantes en pots réguliers. Le deuxième est une petite maison recroquevillée parmi les arbustes, laide, couverte de graffitis simples et ternes. Les piétons passent rapidement, sans un coup d’œil pour les deux constructions monotones et sans intérêt. Au loin, une tour de verre et de métal brille dans la lumière du soleil, malgré les nuages, et les cris des enfants dans le parc résonnent contre ses grands murs.