Fenêtre sur rueLa Rentrée

Ma chambre a une grande fenêtre qui offre une vue excellente sur la rue Michel-Ange. Elle donne à la pièce la lumière du soleil et l’air froid, et surtout le bruit des Parisiens. Puisqu’il faut résider ici toute l’année, j’ai décidé, ce matin, de m’habituer aux gens qui me réveillent presque tous les jours avec le moteur de leurs voitures.

Les mères et les pères conduisent leurs enfants à l’école afin qu’ils puissent avoir de bons emplois. Ensuite, les enfants deviendront des adultes, emprisonnés dans leurs BMWs derrière les parents, qui seront en retard pour leurs bons emplois. Ils klaxonnent sans attribuer d’importance à ce cycle de la vie. Pourquoi ne peuvent-ils pas se presser les uns et les autres en silence, comme tout le monde dans le métro? Là-bas, on se presse aussi violemment mais sans un mot, comme si les tunnels fonctionnaient comme un aspirateur et que nous perdions la voix dans le vide.

Je pense à la rentrée pour laquelle je m’inquiète aujourd’hui. Je réfléchis aux jeunes élèves devant moi qui, eux, entrent au lycée. Leurs talons claquent comme des insectes et leurs conversations anxieuses se mélangent au bourdonnement alors qu’ils rejoignent la ruche. Le lycée est beaucoup plus effrayant que l’université. S’ils peuvent y rentrer, je peux passer ma propre épreuve analogue. Sans doute.