Je t’aperçois à l’autre bout de la pièce,

Je n’en crois pas mes yeux.

Je reconnais instantanément ta peau éclatante et tes effluves rafraîchissantes.

 

Je peux voir à travers toi,

Mais mon regard reste piégé dans ta beauté rare et pure.

 

Mes lèvres rêvent de t’embrasser depuis que j’ai quitté ma patrie.

Je ne t’y appréciais pas à ta juste valeur.

Quand je te regarde je me sens encore chez moi, loin de la chaleur de la vie à l’étranger.

 

Je commence à m’inquiéter,

Mais quand je te regarde tu me rafraîchis.

Je peux me voir dans ta peau éclatante,

La plus belle version de moi.

 

Je veux m’approcher, t’offrir ma bouche, mais j’ai peur :

Peur d’être trompé ;

Peur de ternir ta beauté éphémère ;

Peur de me révéler en tant qu’étranger.

 

C’est probablement contre nature ;

Tu n’appartiens pas à ce pays.

Nous ne sommes pas compatibles.

Ça ne durerait qu’un bref instant.

Mon corps chaud déformerait et ferait fondre ta beauté délicate

Et je finirais par avoir l’air d’idiot,

Debout dans une flaque de ma propre folie.

 

Et pourtant la même chaleur de mon corps

Qui te réduirait à néant,

Augmente aussi le désir de mon cœur pour toi —

Tu es le seul antidote à mes malheurs.

 

Cela fait presque deux semaines que je n’ai rien vu comme toi.

J’ai fouillé tous les cafés et toutes les boulangeries de cette ville immense.

J’étais sur le point de perdre ma foi !

 

J’essayais d’oublier ton regard glacial et ta fraîche caresse

Qui soulagerait la douleur brûlante de marcher dans la ville,

Qui soulagerait la douleur brûlante du métro,

La douleur brûlante de vivre en tant qu’étranger dans un nouveau pays sans toi.

 

Septembre à Paris : aussi chaud que le soleil,

La cité de l’amour aux cœurs assoiffés.

Il ne fait même plus chaud dans ce bar lorsque je te regarde,

Étonné de te voir ici,

Dans ce pays qui manque de toi.

L’éventualité de notre rencontre me fait peur mais m’inspire du courage.

Je dois encore ressentir la froideur jouissive de ton contact.

 

Alors je me lance :

 

Je jette encore un coup d’œil dans ta direction,

Mais quelque chose a changé ;

Quelque chose te distrait.

Tu commences à pleurer.

Est-ce que c’est moi ? me demandé-je.

Non, je n’ai jamais eu ce genre de problème.

C’est bien sûr la chaleur d’une cité qui brûle d’amour !

 

Plus il fait chaud, plus tu pleures.

Plus tu pleures, plus tu disparais de ma vue.

 

Je veux te toucher pour me libérer de cette chaleur intense.

Dès que je t’approche, un coup de froid me glace.

Malgré tous mes souhaits, tu continues à disparaître,

Juste comme mes rêves.

 

Jamais dans ce pays je ne ressentirai plus ta froideur élégante.

Jamais je ne te reverrai.

Adieu toi, le dernier glaçon de Paris.

 

Jon Toussaint